[ Interview ] Anxiété & Huiles essentielles
Iris est l’une des plus belles rencontres que j’ai faite depuis le lancement d’Orange Douce. C’est une praticienne en aromachologie pro, passionnée et une véritable experte en la matière. On a tout de suite matché sur Instagram et depuis on papote régulièrement (et puis étant Lorraine, j’adore les belges, mes voisins sympas depuis toujours). C’est pour cela que j’ai souhaité l’interroger sur le lien entre aromathérapie émotionnelle et anxiété, dont elle va te parler dans cet article. L’aromathérapie émotionnelle, aussi appelée aromachologie, rééquilibre nos émotions par l’olfaction d’huiles essentielles: anxiété, stress, estime de soi…
Merci à toi Iris de participer à cette 3ème interview sur Orange Douce !
Iris Haesendonck
Praticienne en aromachologie, diplômée en psychologie clinique
Retrouve-la sur son Instagram Iris Root
Amalia Boxberger
Naturopathe et olfactothérapeute
fondatrice du site Orange Douce
Face au stress, une série de processus sont enclenchés au sein de notre organisme pour lui permettre de s’adapter à la situation et se préparer à réagir. Les rythmes cardiaque et respiratoire s’accélèrent, la tension artérielle augmente, les pupilles se dilatent, on transpire…C’est tout à fait normal et utile.
Mais lorsque notre organisme est trop régulièrement sollicité, le stress chronique affecte notre cerveau, pouvant entraîner par effet de cascade des troubles physiques et psychologiques. On observe des réponses physiologiques délétères comme un affaiblissement du système immunitaire, des complications cardiovasculaires, des troubles digestifs, ainsi que de l’anxiété, des phobies, de la dépression, et le burn-out.
La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des méthodes pour aider à gérer son stress et l’Aromachologie en fait partie.
Le stress chronique a des conséquences sur certaines aires du cerveau, comme l’hippocampe, (responsable de l’apprentissage et de la mémoire) et sur sa chimie, notamment au niveau des mécanismes impliquant la sérotonine. Cette dernière est impliquée dans régulation de l’humeur et le bien-être. D’ailleurs, en cas de dépression on prescrit souvent des ISRS (inhibiteurs sélectifs de recapture de la sérotonine), pour restaurer l’activité fonctionnelle de la sérotonine.
Mais revenons-en aux huiles essentielles, et rappelons qu’elles contiennent une multitude de molécules aromatiques. La voie olfactive permet à ces molécules de s’acheminer vers le cerveau le long des nerfs olfactifs. L’inhalation est d’ailleurs un mode d’administration courant dans les études consacrées aux effets anxiolytiques des huiles essentielles.
L’inhalation de molécules aromatiques provoque trois types de réaction :
- la création d’un signal dans le nerf olfactif
- la réaction émotionnelle
- et une réponse biologique dans le cerveau.
Plusieurs travaux scientifiques ont permis de souligner que l’inhalation d’huiles essentielles a un effet favorable sur la santé du cerveau et les fonctions liées à l’humeur. Des effets positifs ont été observés sur certains troubles neurologiques, comme l’anxiété et la dépression. Plusieurs plantes ont d’ailleurs montré un effet anxiolytique puissant, comme la Lavande vraie (Lavandula angustifolia Mill), l’Orange douce (Citrus sinsensis L.), le bois de Santal (Santalum album RBr), la Rose de Damas (Rosa damascena Mill), la Bergamote (Citrus bergamia Risso), la Sauge sclarée (Salvia sclarea L.), la Camomille romaine (Anthemis nobilis L.), ainsi que plusieurs espèces de pélargoniums (Ayaz et al., 2017).
Faire entrer les huiles essentielles en soi, dans sa vie, c’est se connecter au message subtil des plantes et se reconnecter à soi-même. Elles ouvrent la voie de l’introspection, en facilitant un travail qui va bien au-delà des effets anxiolytiques que je viens de mentionner.
Chaque plante délivre un message qui lui est propre, et nous avons chacun notre manière personnelle de le recevoir. En effet, des souvenirs olfactifs se gravent dans notre mémoire tout au long de notre vie… Les odeurs ont le pouvoir de « court-circuiter » une série de processus de traitement de l’information, créant un lien privilégié avec nos émotions. N’avez-vous jamais
été transporté(e) des années auparavant, par le simple fait de croiser une odeur familière ? Et
ce, avant même d’avoir pu clairement l’identifier ou la nommer ? En effet, le système olfactif est lié au système limbique, siège des émotions et de la mémoire.
La voie olfactive ouvre dès lors une voie royale vers l’exploration de ces émotions. Les huiles essentielles, grâce à leur complexité unique (jusqu’à plusieurs centaines de molécules) ont le pouvoir de toucher chacun de nous au plus profond de notre être, et de nous accompagner vers le mieux-être.
La puissance des souvenirs olfactifs
J’ai eu la chance de proposer des activités autour des senteurs et des souvenirs, à des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. J’utilisais alors un petit orgue à parfums exclusivement composé de senteurs synthétiques. Ainsi je proposais l’odeur de la fraise, de la rose, la lavande… Certains résidents semblaient faire un véritable bond en-arrière au contact de certains parfums. Je me souviens en particulier d’une résidente qui m’a raconté les roses de son jardin et leur odeur, comme si elle y était. Le but de l’activité étant de leur proposer de se réapproprier leur histoire, en faisant appel à leurs souvenirs olfactifs.
Bien que le sens olfactif puisse être altéré par la maladie, des études mettent en avant le fait
que le training olfactif peut être bénéfique dans le cadre des maladies neurodégénératives. Par
ailleurs, on a constaté chez des souris anosmiques (incapables de détecter des odeurs) que
l’effet anxiolytique de l’huile essentielle de Lavande était conservé.
Alzheimer : les huiles essentielles au secours de l’anxiété
En observant les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer, je me suis aperçue qu’elles souffraient d’une anxiété importante, liée à la désorientation induite par la maladie. Mon travail de fin d’études a d’ailleurs porté sur l’Olfactothérapie comme moyen de diminuer l’anxiété liée à la maladie d’Alzheimer. Il a mis en avant le témoignage de plusieurs thérapeutes utilisant les huiles essentielles en olfaction, chez des personnes souffrant de cette maladie. Ils ont tous constaté des effets très positifs sur ce symptôme de la maladie. Je découvrais à l’époque les huiles essentielles, et j’ai suivi une initiation à l’Aromachologie auprès de Patty Canac.
L’olfactothérapie pour prévenir les maladies de civilisation
Les huiles essentielles démontrent entre autres un intérêt pour contrer le phénomène de stress
oxydatif, augmentant les risques de développer par exemple les maladies d’Alzheimer, Parkinson et Creudzfeldt-Jacob. La voie intra-nasale semble particulièrement prometteuse dans le cadre de ce type de problématique, car elle permet un transport direct des molécules contenues dans les huiles essentielles vers le cerveau, par les nerfs olfactifs et trigéminés.
Le terme « Aromachologie » est né en 1982 aux Etats-Unis. Il est utilisé pour la première fois par la Fragrance Foundation et est issu des mots anglais « aroma » et « psychology ». L’Aromachologie étudie donc l’influence des odeurs sur le psychisme. Il s’agit de sentir, pour ressentir.
Le terme « Olfactothérapie » quant à lui fait appel à une méthode spécifique créée par Gilles Fournil en 1992.
L’Aromachologie s’adresse à tous, et permet d’accompagner de nombreux passages de la vie. Elle permet ainsi bien sûr d’aider à faire face au stress et à l’anxiété, mais elle est une proposition intéressante en cas de choc émotionnel, de troubles du sommeil, burn-out, trac avant une performance, dépendances alimentaires ou au tabac, déprime, fatigue émotionnelle…
J’accorde une attention particulière à respecter les contrindications éventuelles, et le choix des huiles essentielles se fait en fonction de l’histoire et des goûts personnels de la personne que je reçois.
Je constate déjà des effets en consultation, lorsque la personne en face de moi s’arrête sur une des huiles essentielles que je lui propose, pour la sentir longuement. Je sais alors qu’elle devra probablement être intégrée à la synergie, mais je laisse d’abord un moment pour s’imprégner des bienfaits de cette huile essentielle.
La synergie formulée en consultation agit un peu comme un repère, elle est intégrée à un flacon ou un stick inhalateur qui sera utilisé à chaque fois que la personne en ressentira le besoin.
Formulée sur-mesure, en fonction des besoins et des goûts, ainsi que de l’histoire personnelle de chacun, elle offre un ancrage olfactif rassurant dans les moments où ces personnes ressentent le besoin d’être accompagnées. Je reçois des retours très positifs, de personnes au départ curieuses mais qui ont intégré cet accompagnement sensoriel à leur quotidien. Mon entourage s’est d’ailleurs converti, et on me demande souvent « dis Iris, tu n’as pas une huile essentielle pour… » 😉
3 gouttes d’huile essentielle d’Orange douce 😉 (Citrus sinensis) pour la joie insouciante
2 gouttes d’huile essentielle de Lavande vraie (Lavandula angustifolia) pour la paix intérieure et la créativité
1 goutte d’huile essentielle de Patchouli (Pogostemon cablin) pour la confiance en soi et l’ancrage « ici et maintenant » avec sensualité
Synergie à adapter en fonction de votre diffuseur (consulter la notice). Personnellement je préfère les diffuseurs par brumisation, qui offrent une diffusion plus subtile pour l’Aromachologie.
Préférez la diffusion des huiles essentielles à froid, n’excédant pas 15 minutes par heure.
Soyez prudents en la présence de femmes enceintes, allaitantes, des enfants de moins de 6 ans, des personnes épileptiques, asthmatiques, fragilisées neurologiquement et en cas de cancer hormono-dépendant. Un avis professionnel est indispensable avant d’utiliser les huiles essentielles chez ces personnes, et n’oubliez pas d’aérer régulièrement votre habitation entre les diffusions.
Sources
Aponso, M., Patti, A., & Bennett, L. E. (2020). Dose-related effects of inhaled essential oils on behavioural measures of anxiety and depression and biomarkers of oxidative stress. Journal of Ethnopharmacology, 250, 112469.https://doi.org/10.1016/j.jep.2019.112469
Ayaz, M., Sadiq, A., Junaid, M., Ullah, F., Subhan, F., & Ahmed, J. (2017). Neuroprotective and Anti-Aging Potentials of Essential Oils from Aromatic and Medicinal Plants. Frontiers in Aging Neuroscience, 9. https://doi.org/10.3389/fnagi.2017.00168
Bicker, J., Fortuna, A., Alves, G., & Falcão, A. (2020). Nose-to-brain Delivery of Natural Compounds for the Treatment of Central Nervous System Disorders. Current Pharmaceutical Design, 26. https://doi.org/10.2174/1381612826666200115101544
Chioca, L. R., Antunes, V. D. C., Ferro, M. M., Losso, E. M., & Andreatini, R. (2013). Anosmia does not impair the anxiolytic-like effect of lavender essential oil inhalation in mice. Life Sciences, 92(20-21), 971-975. https://doi.org/10.1016/j.lfs.2013.03.012
Inaam, E., Sara, H., Saadia, L., Mohamed, E., Abdeslam, L. (2015). Study of Antioxidant Activity of Essential Oils Extracted from Moroccan Medicinal and Aromatic Plants. European Journal of Medicinal Plants, 10(2), 1-12. https://doi.org/10.9734/ejmp/2015/19955
Neuroscience News. (2020, mars 14). How chronic stress changes the brain, and what you can do to reverse the damage. Consulté le 16 mars 2020, à l’adresse https://neurosciencenews.com/chronic-stress-reversal-15918/
Pekala, K., Chandra, R. K., & Turner, J. H. (2015). Efficacy of olfactory training in patients with olfactory loss: a systematic review and meta-analysis. International Forum of Allergy & Rhinology, 6(3), 299-307. https://doi.org/10.1002/alr.21669
What happens when we smell? (2017, juin 26). Consulté le 13 mars 2020, à l’adresse https://tisserandinstitute.org/learn-more/what-happens-when-we-smell/
Zhang, N., & Yao, L. (2019). Anxiolytic Effect of Essential Oils and Their Constituents: A Review. Journal of Agricultural and Food Chemistry, 67(50), 13790 13808. https://doi.org/10.1021/acs.jafc.9b00433
En conclusion
Tu as désormais un pied dans l’univers parfumé de l’aromathérapie émotionnelle, bravo ! Envie de faire le point ensemble sur ton état émotionnel ? Tu aimerais découvrir quelles huiles essentielles te correspondent ? Je réponds à tes questions et te conseille.
Prends soin de toi. 🙂
Amalia
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